Chroniques Coups de cœur

La passe-miroir #1 | les fiancés de l’hiver

2 janvier 2023

« On peut aimer d’un seul regard. D’ailleurs, on ne s’aime jamais si bien que quand on se connaît fort mal. »


Résumé | Sous ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons, la jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.

Review | Il existe des œuvres qui vous transportent au moment où vous les lisez. Parfois, après les avoir terminées, vous vous sentez vide. Vous voulez poser vos mots par écrit, partager une chronique pour dire à tous ce que vous en avez pensé, mais non, rien, la page blanche. Vous avez tellement peur de ne pas réussir à rendre justice au livre que vous n’arrivez même pas à en rédiger un avis. Avez-vous déjà été dans cette situation ? En ce qui me concerne, oui. Et c’est précisément avec ce premier tome, les fiancés de l’hiver, que je bloque.

La passe-miroir de Christelle Dabos est, sans conteste, ma saga préférée. Au vu du succès qu’elle a rencontré, je m’attendais déjà à quelque chose d’énorme.. mais certainement pas à ce point. Tout est parfait : c’est aussi original qu’intéressant. Les descriptions sont époustouflantes (on s’y croirait) et même les personnages principaux sont loin de ceux que l’on voit habituellement dans les autres livres, tous genres confondus. C’est magique, dans tous les sens du terme. En plus, la plume de l’autrice est fluide, détaillée, travaillée, le vocabulaire employé est riche, et l’imagination dont elle a eu besoin pour décrire tout ça est totalement prodigieuse. L’univers dépeint ici ne ressemble à aucun autre, il est à part, et même grandiose. Rien à redire, si ce n’est du positif.

Dans cette histoire nous avons Ophélie, personnage central du livre dont les pouvoirs sont peu singuliers. En effet, elle peut lire le passé des objets en les touchant et traverser les miroirs pour aller d’un point A à un point B. Jusqu’à présent, sa vie consistait à tenir un musée en compagnie de son écharpe vivante, mais tout va radicalement changer quand elle apprendra que les doyennes de son arche l’ont fiancée à un parfait inconnu. Si jamais elle refuse, c’est l’incident diplomatique assuré. Alors, pour le coup, tout le monde — sa famille également — se fiche éperdument de son avis et de ses sentiments. Telle est sa punition pour avoir refusé de se marier à deux reprises déjà. Elle se retrouve donc envoyée loin de ceux qu’elle aime pour vivre avec son futur époux, dans un monde à l’opposé du sien où les complots, l’hypocrisie, la corruption, les illusions et les coups montés sont monnaie courante. Cette demoiselle assez timide et maladroite qui se moque des apparences n’est pas comme ces héros qui foncent dans le tas et se battent pour gagner contre les méchants. Non, elle, elle est du genre à rester en retrait, subir, encaisser, observer, pour au final gagner en confiance et s’en sortir, d’une manière ou d’une autre. Au fil des pages elle va acquérir plus de force, de maturité et d’indépendance. Ça change et ça fait du bien. Thorn, quant à lui (= le fiancé, faut suivre), est plus complexe. C’est un homme grincheux, antipathique, énigmatique, taciturne, impassible, froid, particulier, difficile à cerner, détesté de tous, qui cache bien ses émotions, qui est bourré de défauts, et qui n’en a absolument rien à faire de sa promise. Bref, vous l’avez compris, il est loin de ressembler au prince charmant. Malgré tout, je lui ai trouvé un côté attachant. Petit à petit il se dévoile et, consciemment ou non, on a envie d’en savoir plus à son sujet. Il a beau être borné, j’ai surtout l’impression qu’il ne sait pas comment s’y prendre. Et c’est d’autant plus touchant.

Le concept est extraordinaire : pour faire simple, le monde a été brisé en plusieurs morceaux, devenus des arches, et sur chacune d’elles vit un esprit de famille, un être aux pouvoirs incommensurables qui partage une infime partie de ses capacités uniques avec sa descendance. Ophélie vit sur Anima, l’arche d’Artémis, maîtresse des objets ; tandis que Thorn vit sur le Pôle, celle de Farouk, maître des esprits. C’est fou, n’est-ce pas ? Dans ce volume on a peu d’action, je l’admets. À la place il y a de la description, encore de la description, et beaucoup de description. Le lecteur est mis dans le bain, en quelque sorte. Et finalement, je trouve que ce n’est pas plus mal. On entre dans le vif du sujet doucement — pas trop puisque nous n’avons pas l’impression que tout tourne au ralenti — et d’un coup, on est happés. En plus de cela, j’ai apprécié la plupart des protagonistes secondaires. Tous ont leur importance, leur rôle à jouer, et personne n’est mis de côté par l’autrice. Berenilde, la tante Roseline, Archibald, Renold — autrement appelé « Renard » —, Gaëlle, la mère Hildegarde, le chevalier, et tant d’autres encore.. Ils sont géniaux, chacun à un degré différent. Quant au scénario, je vais me répéter, mais il est comme ça : deux pouces en l’air !

Plongée malgré elle dans un univers onirique et plein de dangers, notre héroïne réussira-t-elle à s’en sortir ? Pourra-t-elle trouver sa place dans ce nouveau milieu hostile qui ne lui inspire pas confiance ? Peut-elle accorder sa confiance à tous ces gens qui gravitent autour d’elle et dont les réelles intentions sont cachées ? Vous trouverez les réponses à ces questions seulement si vous foncez à la librairie la plus proche pour vous procurer cette merveille.

Une couverture magnifique, un titre intriguant, un résumé qui l’est tout autant, une réputation incroyable, un roman que l’on voit partout sur les réseaux sociaux.. il ne m’en fallait pas plus pour me jeter à corps perdu dans cette saga, vue par la majorité comme la digne héritière d’Harry Potter, rien que ça ! Conclusion, vous l’aurez compris, ce tome 1 a été pour moi le coup de cœur du siècle. Je ne pensais pas pouvoir ressentir un jour autant de choses grâce à un simple bouquin, mais maintenant, j’en suis persuadée, tout le monde devrait le lire. Ma relecture, récente, a quant à elle été.. eh bien, identique : une incroyable surprise. Et après ça, j’ai l’impression que mes autres coups de cœur n’en sont peut-être pas. Vous voyez un peu le niveau de cette pépite ?


Écrit par : Christelle Dabos | Publié chez : Gallimard Jeunesse | Date de parution : 6 juin 2013 | Prix : 19.90€

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