« La première fois que je vous ai vue, je me suis fait une piètre opinion de vous. Je vous croyais sans jugeote et sans caractère, incapable de tenir jusqu’au mariage. Ça restera à jamais la plus grosse erreur de ma vie. »
Résumé | Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions des personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au coeur d’une redoutable vérité.
Review | Vous n’êtes pas sans savoir que le quatrième et dernier tome de cette merveilleuse saga qu’est la passe-miroir sera disponible dans toutes nos librairies favorites d’ici la fin du mois, et plus précisément le jeudi 28 novembre. Pour l’occasion, j’ai eu envie de replonger dans l’univers incroyable imaginé par Christelle Dabos, de relire les deux premiers opus et de, enfin, découvrir le troisième — qui prend la poussière dans ma pile à lire depuis sa sortie et que je n’ai pas encore ouvert parce que j’attendais une date officielle pour la parution de la fin. Comme indiqué dans cet article, les fiancés de l’hiver fut pour moi un véritable coup de cœur, une claque monumentale que je me suis prise en pleine tronche et dont je ne me remets toujours pas. Pour faire durer le plaisir, j’ai décidé d’enchaîner avec les disparus du Clairdelune. Et croyez-moi, le charme a une nouvelle fois opéré.
Nous retrouvons Ophélie, notre jeune animiste préférée, alors qu’elle s’apprête à rencontrer Farouk. Cet homme n’est pas n’importe qui puisqu’il s’agit de l’esprit de famille du Pôle, sa nouvelle maison depuis qu’elle a été fiancée de force par les doyennes de son arche à un inconnu répondant au nom de Thorn. Berenilde, la tante de ce dernier, est inquiète : ses proches comptent plus d’ennemis que d’alliés, son neveu est détesté par le plus grand nombre, certaines personnes mal intentionnées souhaitent que l’enfant qu’elle porte ne voie jamais le jour, et si jamais notre héroïne ne fait pas une prestation satisfaisante auprès du seigneur, ils n’auront pas sa protection alors qu’ils en ont cruellement besoin. Fort heureusement (ou pas, tout dépend du point de vue), elle va l’intriguer et lui faire penser à quelqu’un. Elle sera donc promue vice-conteuse par cet être supérieur alors qu’elle devait faire profil bas. Dès lors, sa vie déjà bien mouvementée va prendre un autre virage. En effet, tous sont jaloux et espèrent sa disgrâce, voire pire.. Mais ici, sur ce territoire hostile, sur qui peut-elle réellement compter ?
En ce qui concerne Ophélie, je l’aime toujours autant. Loin du cliché de l’héroïne aussi magnifique que niaise, elle est plaisante à suivre. Elle est discrète, renfermée, timide, maladroite, elle se cogne partout, tombe un nombre incalculable de fois, casse des objets, ne fait pas attention à son apparence, et j’en passe et des meilleurs. Ce petit bout de femme ne ressemble déjà plus à celle que l’on a rencontrée précédemment, croyez-moi. Elle grandit, gagne en confiance et est plus sûre d’elle. Elle se bat pour ce qu’elle croit être juste et assume aussi bien ses choix que ses décisions et ses actions, même si ça se termine souvent en catastrophe. Elle est moins passive et ne se laisse plus faire. Elle veut faire entendre sa voix. Mais Mime n’est plus, son identité a été révélée au grand jour, et ça ne va pas forcément jouer en sa faveur. Désormais, tous la voient comme la fiancée de l’homme le plus détesté du Pôle. De la même manière, Thorn, le protagoniste masculin principal, évolue. Il a beau se comporter comme un être froid, énigmatique, calculateur et manipulateur, il a beau être difficile à suivre, il n’en reste pas moins extrêmement touchant. Petit à petit, le lecteur comprend des choses et le cerne un petit peu mieux. Derrière son masque d’intendant dur et inflexible se cache un homme blessé qui n’est pas à l’aise avec les autres. Comme si la haine que les courtisans ressentent à son égard n’était pas suffisante, il va prendre des décisions — courageuses, je l’admets — qui vont faire grimper sa cote d’impopularité. Malgré cela, je l’ai adoré. Impossible non plus de ne pas être charmé par les personnages secondaires. Berenilde, avec son amour maternel et sa place de favorite parmi les favorites ; la tante Roseline, avec son angoisse perpétuelle et contagieuse qui reste malgré tout le soutien le plus précieux de notre Ophélie ; Archibald, avec son charisme indéniable et ses intentions cachées ; Farouk, avec sa façon d’être totalement imprévisible et incompréhensible ; et les autres. Tous gagnent en profondeur et l’autrice n’a laissé personne en arrière-plan.
Ophélie n’a pas une minute de répit et doit faire face, dans ce second tome, a bien des choses : les complots à la cour, son futur mariage qu’elle est loin de désirer, sa famille qui a décidé de s’incruster à la Citacielle, ses nouvelles responsabilités en tant que vice-conteuse, etc. Mais ce n’est pas tout puisque Farouk va lui imposer une énième tâche : en effet, elle va devoir retrouver quatre personnalités importantes et influentes qui ont disparu du Clairdelune, une zone sous haute surveillance et réputée pour être la plus sûre, dans d’étranges circonstances. C’est une course contre la montre qui l’attend. Et comme elle, nous allons faire face à des coups montés, des drames, des menaces, des imprévus, des complications, des enlèvements, des révélations, des rebondissements, et un enchaînement de problèmes.
En me lançant dans cette relecture, j’ai eu peur de ne pas apprécier l’histoire autant que la première fois. Que nenni. Christelle Dabos a un style unique et incomparable, un vocabulaire riche et bien fourni, une plume fluide, entraînante et happante. L’univers qu’elle a réussi à créer est immersif, à part, astucieux, complexe, et on arrive aisément à imaginer et visualiser les décors qu’elle nous dépeint au fur et à mesure de l’avancée du récit. Rares sont les fois où je suis tombée sur un tome 2 qui égalait — voire surpassait — son prédécesseur. Ici, l’autrice fait preuve d’un talent remarquable et nous offre une suite à la hauteur du premier opus. La qualité est identique, c’est fantastique, et les héros, pourtant atypiques, sont prodigieusement bouleversants.
Ma chronique est loin de rendre justice au talent de Christelle Dabos, une autrice que l’on ne présente plus. Alors, si vous voulez vous faire votre propre idée sur ce qu’elle écrit, lisez ce chef d’œuvre qui, pour moi, a été un immense coup de cœur. Cette saga est spéciale, unique en son genre, et vous vous devez de la découvrir.
Écrit par : Christelle Dabos | Publié chez : Gallimard Jeunesse | Date de parution : 29 octobre 2015 | Prix : 19.90€
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