« Je m’en suis rendu compte très tôt pour ma part, enchaîna-t-il d’un ton brusque. Cette volonté qui ne cesse de grandir en toi et qui prend de plus en plus de place. Tu veux ton indépendance. Même l’obsession que tu portes au passé — tes lectures, ton musée, tes réminiscences —, ça a toujours été, au fond, pour pouvoir mieux t’en affranchir. Tu veux ton indépendance, répéta-t-il en détachant chaque syllabe, et je veux, moi, t’être indispensable. »
Résumé | Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants : Babel, le Pôle, Anima… aucune arche n’est épargnée. Pour éviter l’anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l’Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s’engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes.
Review | Voilà, le moment que je redoutais tant est arrivé : j’ai enfin lu les fiancés de l’hiver, les disparus du Clairdelune, la mémoire de Babel et la tempête des échos (vous pouvez retrouver mes chroniques précédentes juste ici). Et j’ai, par conséquent, terminé la saga écrite par la grande Christelle Dabos. Je suis arrivée au bout du chemin qu’elle a imaginé et créé et à présent, plusieurs émotions se mélangent en moi. Parmi elles, il y a bien sûr la joie d’avoir toutes les pièces du puzzle entre les mains ; mais aussi la tristesse de devoir quitter cet univers si important et ses personnages si chers à mon cœur ; et enfin, la frustration de n’avoir pas eu toutes les réponses aux questions qui me travaillaient l’esprit. Mais qu’importe, puisqu’il est l’heure pour moi de poser mes mots par écrit, de rédiger mon article et de vous donner mon avis sur cet ultime opus. Sachez qu’il m’a fallu plusieurs jours pour digérer tout ça et que même après, j’ai eu beaucoup de mal à écrire ce qui va suivre. Rien ne venait, c’était le vide. J’espère malgré tout que mon billet rendra justice à cette merveilleuse œuvre.
Dans ce quatrième et dernier tome nous retrouvons Ophélie et Thorn, ensemble, alors que les effondrements des arches — qu’elles soient mineures ou non — ont commencé. Pendant que la population, effrayée, pense qu’il ne s’agit là « que » de catastrophes naturelles, nos héros, eux, connaissent la vérité. Ils savent qu’il n’en est rien et que, pire encore, ce n’est qu’un début. Seulement, ils ne peuvent se confier et s’allier à personne. En qui peuvent-ils réellement avoir confiance ? Les ennemis sont susceptibles d’être n’importe où. Désormais, ils doivent mener l’enquête et découvrir ce qui lie Eulalie Dilleux — un personnage qui était autrefois une simple petite romancière et qui, à présent, se fait appeler « Dieu » — à l’Autre, dont la réelle identité demeure encore un mystère. Et, surtout, ils doivent trouver le moyen d’arrêter les glissements de terrain. Le monde tel qu’ils l’ont toujours connu tombe en miettes petit à petit et à cause de cela, des gens innocents perdent la vie. Alors que Thorn part de son côté puisqu’une nouvelle mission lui a été confiée par les Généalogistes, un couple redoutable dont les vraies intentions sont cachées, Ophélie, elle, voit ses recherches la mener droit vers l’observatoire des déviations, qu’elle va intégrer de son plein gré en tant que sujet d’expertise. Elle souffre d’une malformation qui a fait d’elle une inversée, et cette particularité intéresse fortement certains scientifiques. Néanmoins, une fois là-bas, rien ne va se passer comme prévu et celle qui pensait garder le contrôle va voir la situation lui échapper des mains.
Comme à chaque fois, nous retrouvons une Ophélie qui ne cesse de grandir et de gagner en maturité. Elle évolue encore et là, rien ni personne ne pourra la détourner du chemin qu’elle s’est tracé. Elle veut connaître la vérité et rétablir la justice en faisant tomber Dieu et l’Autre de leur piédestal, et pour cela, elle est prête à tout. Fidèle, courageuse et attachante, notre maladroite préférée va prendre le taureau par les cornes parce que, c’est bon, elle en a assez. Heureusement, dans sa nouvelle quête, elle pourra compter sur son mari. Leur relation a passé un cap et c’est ensemble qu’ils ont décidé d’affronter les futures épreuves qui vont leur tomber dessus. Thorn est moins renfermé et, même s’il n’est pas totalement à l’aise auprès de sa femme, il est loin de celui que l’on a rencontré au premier tome. Le changement, c’est maintenant ! Le couple qu’ils forment a beau être atypique, il n’en reste pas moins profondément touchant. Concernant les autres, la plupart des personnages qui ont croisé notre route à Babel (Ambroise, Blasius, le professeur Wolf, Octavio, lady Septima, Mediana, Pollux et Hélène..) ne servent pas à grand-chose mais il y a quelqu’un qui sort du lot : Seconde. Je vous laisse découvrir où, quand, comment et pourquoi..
Je ne le répéterai jamais assez mais la saga de la passe-miroir est ma favorite. Le talent de Christelle Dabos est incomparable et sa plume, envoûtante, ma entraînée, pour la quatrième fois, jusqu’à la dernière ligne de son manuscrit. C’était une expérience incroyable et je ne remercierai jamais assez la folie bookstagram pour m’avoir donné envie de découvrir ce phénomène. Je ne pensais pas avoir un jour la chance de tomber sur un livre qui me chamboule à ce point mais ça y est, c’est fait. Et maintenant je ne peux que vous le conseiller, à mon tour. L’autrice a réussi le pari fou de créer un univers riche et bien fourni comme celui-ci. J’ai été retournée et émue du début à la fin. C’était époustouflant, stupéfiant, surprenant, renversant, brillant.. c’était extraordinaire, tout simplement.
Pendant une bonne partie de ma lecture, j’en suis venue à me demander si j’appréciais ou non ce qui était devant mes yeux. Ce quatrième tome est le plus complexe de tous et je me suis souvent posé des questions. Je me demandais où j’allais, je ne comprenais rien, j’étais larguée. Mais les derniers chapitres, qui nous donnent enfin des explications sur le pourquoi du comment, m’ont convaincue : je me suis pris une claque tant c’était ingénieux et bien ficelé ! D’ailleurs, je n’en reviens toujours pas. C’était très technique, parfois trop, mais globalement, je suis scotchée. Aussi, Christelle Dabos a décidé de faire prendre une certaine direction à son histoire, et malgré les soixante-quinze scénarios que j’avais en tête, aucun n’a été le bon. C’est dingue. Malheureusement, et j’en suis la première déçue, certains points m’ont chagrinée. Vous savez, il y a des protagonistes que nous apprécions plus ou moins et que nous avons suivis dans chaque opus ? Eh bien, allez savoir pourquoi, ici, ils servent de décorations et sont en arrière-plan. C’est du gâchis. Mais le pire, pour moi, a été la fin ouverte. D’un côté c’est bien puisque ça donne au lecteur le plaisir d’imaginer la suite. D’un autre, je suis carrément frustrée parce que je nage dans le flou. Que va-t-il se passer ? Ce n’est pas clair et j’ai une impression d’inachevé.
Pourtant, et je n’en doute pas un seul instant, la tempête des échos a été pour moi un autre coup de cœur. J’ai pris plaisir à retrouver Ophélie et Thorn et je n’ai à présent qu’une hâte : que l’autrice publie un nouveau livre ! Allez, on y croit dur comme fer. Merci à cette série de bouquins d’exister. Je l’aime passionnément.. un peu plus que cela, même.
Écrit par : Christelle Dabos | Publié chez : Gallimard Jeunesse | Date de parution : 28 novembre 2019 | Prix : 19.90€
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